Risque climatique : les villes en première ligne

Valéry Mainjot
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August 28, 2024

Alors qu’elles concentrent bientôt les trois quarts des habitants de la planète… les villes sont en première ligne du risque climatique.

Fonte des pôles, incendies, ouragans… On a souvent une lecture mondiale du péril climatique.Pourtant, le réchauffement change aussi le visage des villes d’Europe.

À l’occasion de la Journée mondiale des villes en 2021, António Guterres réclamait une détermination renouvelée à relever les défis urbains, à gérer les risques et à trouver des solutions durables. Selon lui, les villes peuvent mener une action transformatrice pour réaliser les objectifs de développement durable et bâtir un monde sans carbone, résilient face aux changements climatiques et socialement juste. Il notait également que « les infrastructures résiliantes, les systèmes d’alerte rapide et les instruments financiers qui permettent d’atténuer les risques sont autant d’outils essentiels pour les villes, qui s’efforcent de s’adapter et de protéger la vie et les moyens de subsistance de leurs habitants. » 

Des risques climatiques accrus, mais pas seulement

Bien entendu, l’accroissement du risque est flagrant. Pourtant il serait objectif de mentionner également les actions menées par le passé au nom du progrès, comme la destruction des zones humides, des mangroves et des bocages, qui retiennent les eaux, l’arasement des dunes, défenses naturelles. Fruits d’intérêts économiques, d’une urbanisation imprudente, d’absence de systèmes d’alerte, ces choix d’aménagement accroissent nos vulnérabilités.

Alors que la fonte des calottes glaciaires élève le niveau des mers, que les extrêmes climatiques (tempêtes, sécheresses, canicules, inondations) sont plus fréquents, ils risquent d’être d’autant plus dévastateurs qu’ils profiteront d’une urbanisation conçue en dépit du bon sens.

Des catastrophes qui coûtent cher

Les catastrophes ont un coût et 2021 représente la quatrième année la plus coûteuse pour les compagnies d’assurance depuis 1970. Rien que la tempête Ida qui a frappé New York avec de fortes inondations a représenté une facture de 30 à 32 milliards de dollars pour les assureurs. 

En Europe, les inondations en Allemagne et en Belgique cet été ont coûté 13 milliards de dollars aux compagnies d’assurance, mais en tout ce désastre représente des pertes économiques de l’ordre de 40 milliards de dollars. 

Dans ce contexte, il vaut mieux ne pas avoir la mémoire courte évaluer et opérer une veille permanente de la situation.

Panorama de situations autour du monde via CIKISI
En Europe

Selon une étude de Knight Frank, Paris figure parmi les cinq premières villes du monde en matière de développement durable, avec Londres, New York, Séoul et Tokyo. La réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) des villes européennes est par ailleurs encourageante.

La consolidation des données de 1 800 villes européennes et 90 millions d’habitants démontre une réduction de 25 %de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 2005 et 2017, surpassant l’objectif 2020 des États européens de – 20 %.

Une région comme l’Occitanie veut devenir la première région à énergie positive en Europe, entend déployer un « Pacte vert », et détaille près de 300 mesures concrètes réparties en 10 plans d’actions thématiques.

Aux Etas-Unis

Au cours des trois dernières décennies, plus de 600 gouvernements locaux à travers les États-Unis ont adopté leurs propres plans d’action climatique fixant des objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Ces engagements s’ajoutent à l’engagement des États-Unis envers l’Accord de Paris de 2015.

Si certains ont réussi, d’autres ont du mal à suivre le rythme.

Austin, par exemple, a réussi à réduire de 20 % les émissions de ses bâtiments malgré une population en plein essor, mais a connu une augmentation des émissions des transports entre 2010 et 2018.

Phoenix a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 0,5 % entre 2012 et 2018, mais au cours de la même période, sa population a augmenté de 12 %.

Au total, seulement45 des 100 plus grandes villes américaines ont adopté un engagement climatique sérieux, et les deux tiers d’entre elles n’ont pas atteint leurs objectifs.

Sur le continent africain

En raison du changement climatique et de la pollution, des villes entières du continent risquent bien de disparaître. Une nouvelle vision de l’urbanisme est donc absolument nécessaire en Afrique.

Entre taux de natalité élevé et exode rural, c’est en Afrique que se trouvent 86 des100 villes aux croissances les plus élevées du monde. Au moins 79 d’entre elles – dont 15 capitales ! – sont confrontées à des risques extrêmes dus au changement climatique.   

La ville Lybienne de Sebha risque de disparaître. Riche en hydrocarbure, elle était pourtant devenue la plus grande agglomération du Sahara. Soumise à une très forte pression démographique, la cité est aujourd’hui condamnée. Bientôt l’absence d’eau la videra de ses habitants. Il faudra rendre son territoire à la nature. 

Les13,2 millions d’habitants de Kinshasa, la capitale de la RDC, sont déjà régulièrement victimes d’inondations. Ils seront deux fois plus en 2035. EnÉthiopie, le nombre de citadins passera de 24 à 74 millions dans les trois prochaines décennies. La population urbaine égyptienne atteindra alors les 85 millions d’habitants, contre 43 millions aujourd’hui. Au point de pousser les autorités à créer une nouvelle capitale pour soulager l’enfer urbain du Caire. 

La réflexion doit s’inverser, pour retrouver un équilibre entre population, ressources et territoire. L’Afrique doit réinventer de la ville au XXIe siècle et il est urgent qu’elle s’impose comme un laboratoire d’expérimentation architecturale et urbaine.

 

En conclusion, side nombreuses villes restent démunies face à des phénomènes météorologiques extrêmes - certaines régions comme l’Asie-Pacifique étant même plus touchées que d’autres - il n’en reste pas moins que la prise de conscience est bien réelle et que de nombreuses actions sont mises en œuvre pour une meilleure gestion des ressources. La ville intelligente est en marche et c’est une priorité absolue.